lundi 28 mars 2011

Le texte descriptif : Ma première perte...

Ça fait déjà quelques semaines que je ressens sa faiblesse. Elle bouge d’un sens à l’autre comme une jeune fille qui fait du ballet. Personne ne perçoit ou ne ressent sa difficulté, sauf moi. Je sais qu’elle perdra sa force et qu’elle tombera bientôt. J’ai de la peine, beaucoup de peine pour elle, car je pressens aussi ce qui va arriver. C’est un miracle si elle s’en sort de la chute que je prévois. Elle en est consciente. Elle tient à sa vie, c’est pour cela qu’elle lance quelques piques de douleur. Elle est trop jeune pour partir maintenant. Je ne veux pas qu’elle accepte la défaite. Cela m’apportera trop de douleur, de la douleur jusque dans mes reins. Cette chère amie que je connais depuis notre tendre enfance ne peut me quitter aussi jeune. Elle qui m’apporte sourires et réconfort. Sa présence et sa beauté sont un support pour lequel je ne saurai m’en passer. Elle me donne la confiance de poursuivre mes rêves. Mes rêves de sourire au monde et de tisser des amitiés, vivre en harmonie totale avec les autres et de toujours garder l’esprit positif face à la diversité. Sans elle, je me perdrai et je deviendrai vulnérable. Surtout ne pas être égoïste, lui laisser le choix de tomber.


Tiens quelque chose va se produire. J’ai le pressentiment que c’est la fin. D’un coup brusque, elle tombe. J’ai mal, un très gros mal. C’est un silence autour d’elle, autour de moi. Le cœur comme un tambour géant résonne à gros coup à l'intérieur de ma poitrine. Je ne souhaitais pas l’envisager même si je le pressentais, l’accident a eu lieu. Le suspense est fini, le destin s’est accompli. Je la prends dans mes mains. Pendant un long moment, je la fixe, je l’admire. Elle me manquera cette toute petite dent de bébé qui illuminait mon sourire. Je serai la risée de l’école, je suis la seule avec un sourire troué. Pourquoi m’a-t-elle quitté si vite?


Dans ma tristesse, ma mère m’apprend qu’il y a une fée des dents qui m’apportera une fortune si je place ma perle blanche sous mon oreiller la nuit. Alors, je le fais, avec le peu d’espoir qui me reste. Je place cette partie de moi dans une pochette dorée et ensuite sous mon oreiller. Je me couche et j’attends. Je tombe dans le monde fantastique où tous les gens que je rencontre ont des sourires troués. Ils peuvent même boire un bon verre de lait avec une paille sans ouvrir leurs mâchoires! C’est incroyable! Je retrouve ma confiance et mon espoir! Je me réveille à grande vitesse et je regarde sous mon oreiller. J’ouvre ma pochette et la fée des dents m’a laissé deux dollars! Je suis riche! Je n’ai plus peur d’aller à l’école maintenant, je serai presque une vedette! Comme la première perte de ma dent me rend euphorique!


Francesca Salvador